Sure les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon.
Trois cataclysmes à la fin du XVIIIème siècle à Mouzillon
1- une épidémie de dysenterie
Au début du XXIe siècle, la dysenterie reste la première cause de maladie dans le monde. Cette maladie est provoquée par l’ingestion d’aliments contenant certains micro-organismes, qui provoquent une maladie dans laquelle l’inflammation des intestins affecte gravement le corps.
En 1779 et en 1780, une épidémie de dysenterie a fait des ravages dans l'ouest de la France
A Vallet, en considérant les registres paroissiaux, il apparaît que la dysenterie a fait environ 500 morts pour une population estimée à 5000 habitants, environ 10 % de la population.
A Mouzillon, dès la fin août 1779, le registres porte la mention « dissenterie ». A la date du 31 décembre 1779, les registres de l'année 1780 portent cette mention
« Les susdits actes ont été rapporté sur ces registres parce que ceux de l'année dernière se sont trouvés trop courts à cause de l'épidémie de dissentrie qui a affligé cette paroisse. Lemesle vicaire. »
Une étude plus précise des décès enregistrés en 1779 et en 1780 permet d'affiner notre perception du phénomène.
En 1779 _______________ 71 naissances_____________133 décès
En 1780 _______________ 65 naissances _____________ 57 décès, l'excédent naturel est donc retrouvé.
Il est raisonnable d'estimer que l'épidémie a été la cause de décès dans une marge de 80 à 100 décès, soit entre 6 et 8% de la population. Ce pourcentage est plus faible qu'à Vallet.
Au cours des six mois de l'épidémie de dysenterie situés entre le 31 août 1779 et le 28 février 1780 un total de 120 décès identifiés permettent de préciser la date, le nom et le prénom de la personne et les lieux-dit. Cette liste cumule ceux qui sont morts de l'épidémie de dysenterie, ceux qui sont morts d'une autre maladie et ceux qui sont morts de vieillesse. Elle est cependant significative.
La vie de ceux qui sont nés entre 1769 et 1780 a donc été particulièrement compromise par cette épidémie. La vie de ceux qui ont survécu est devenue plus précieuse pour la collectivité humaine. Pendant cette période l'avenir d'un couple, d'une famille, de la collectivité est devenue risquée. La population avait diminuée. La mort pouvait clore l'avenir.
2- des mois sans soleil
Le 8 juin 1783, un volcan Islandais le Laki, ou Lakagigar, est en fait une chaîne de volcans fait irruption jusqu'en février 1784 : c'est l'éruption volcanique la plus importante des temps historiques, avec des conséquences catastrophiques pour l'Islande et des très importantes perturbations météorologiques en Europe. Mais cette pollution a eu un impacte sur la population bien au-delà de cette période.
Un nuage de poussière recouvrit les 2/3 de la France et se déposa en partie au sol. C'était exceptionnel. Le soleil disparu pendant presque une année. Il ne montrait plus ses rayons aux habitant de l'ouest de la France. Le phénomène assombrissait l'environnement. La population a été profondément perturbée. Il s'en est suivi une détérioration des récoltes et une fragilisation de la santé des humains sur une période plus longue.
A Clisson, le docteur Michel DUBOEIX évoque ce brouillard singulier, par sa nature seiche et chaude qui fut accompagné de fièvres intermittences épidémiques, mais qui ne parut pas faire la plus légère impressions sur les bestiaux (Topographie médicale – par M. DUBOUEIX).
A Vallet, en 1785 on dénombre 293 morts, soit environ 150 de plus qu'en une année ordinaire.
A Mouzillon, à l'instar de ce qui a été constaté à Vallet, c'est l'année 1785 qui est celle du contre-coup sur la santé des habitants.
La répartition des décédés par âge nous éclaire ; et la comparaison avec les décès des six mois entre le 31 août 1779 et le 28 février 1780 est significative.
Dans les deux cas
plus de 15 % des enfants meurent à la naissance ou au cours de la 1ère année.
près de 40 % des enfants meurent avant d'avoir atteint 10 ans.
En revanche près de 3 % des personnes sont octogénaires.
La répartition selon les lieux-dits est beaucoup plus étendue en 1785 que lors de l’épidémie de 1779-1780 :
26 lieux-dits en 1779-1780
36 lieux dits en 1785
Il n'est pas difficile de comprendre les traumatismes provoqués par ces deux séries de décès. D'autant plus que cette population n'avait pas la maîtrise de ces phénomènes
3- la révolution française à Mouzillon**
A Mouzillon, la période révolutionnaire avait démarré de façon pacifique :
a - Une réunion qui s'est tenue le dimanche 5 avril 1789
→ la Réunion est présidée par Pierre Louis SAVARIAU, procureur postulant
→ la liste des participants
Hilaire DUGAST
Pierre DENIS
René BREVET
Pierre DENIS
Louis Pierre BARON
Louis LAMOUREUX
Jean DEFONTAINE
Julien LUNEAU
Julien Joseph LUNEAU
François LUNEAU
Laurent TEIGNE
René ORGAN
Julien GREGOIRE
Julien PHILBERT
Pierre BABONNEAU
Jean PACREAU
Guillaume BARON
Laurent GREGOIRE
Jacques Grégoire MARTINEAU
Jean SAUVION
Joseph LEROUX
Pierre MARTIN
Julien DEFONTAINE
Pierre ...
Jean LANGEVIN
Jean GREGOIRE
René BAHUAUD
Joseph MARTIN
François BAHUAUD
Louis LEFORT
Mathieu GAUTRON.
→ la liste de ceux qui ont été élus
Jean Julien LUNEAU (la Rouaudière),
François LUNEAU (le Brossay),
René BREVET (la Barillière),
Jacques Grégoire MARTINEAU (le bourg).
→ les sujets qui ont été débattus
Cette assemblée a débattu des taxes, impôts et corvées, du tirage au sort pour la milice, des propriétés, des juridictions, de l'admission aux charges et emplois, du droit des veuves… Des réformes sont demandées, un esprit de nouveauté transparaît.
b - Une autre assemblée eu lieu le 27 septembre 1789.
Les participants sont plus nombreux
→ la liste des participants est connu
→ le compte-rendu est signé de 13 participants
→ Julien LUNEAU est désigné comme représentant ;
il doit se présenter le 30 septembre à l’hôtel de ville de Nantes pour que les privilèges de Bretagne ne soient pas abandonnés.
c - En 1790, la constitution civile du clergé a été mise en place. Le curé de Mouzillon aurait prêter serment sans qu'il y ait trace d'incidents.
d – le 21 janvier 1793 le roi est décapité, cet événement n'a pas laissé de trace identifiée à Mouzillon
e- Le 8 mars 1793 devait avoir lieu la conscription des jeunes qui devaient être enrôlés pour l'armée. Il est probable que des jeunes ont préféré disparaître plutôt que d'aller rejoindre les bataillons.
f – à partir du 8 mars 1794, l'armée républicaine intervient violemment sur le territoire de Mouzillon
vraisemblablement pour chercher les jeunes qui ont refusé la conscription et en représailles contre leurs familles.
Des actes violents et horribles sont commis par l'armée républicaine (meurtre, incendie de maison, destructions de biens). Au-delà de ces destructions c'est surtout le dénombrement des morts qui choque durablement la population.
D'autre part les registres citent des mouzillonnais tués par les vendéens. Ces vendéens sont probablement d'autres mouzillonnais ; ce serait un acte honteux qui a troublé la mémoire populaire.